L'expérience urbaine de

Charles Neubach

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 » Il y a d’abord une expérience de la ville, de sa traversée, de la traversée de l’espace urbain, de ses lumières, de ses fux, de la rapidité des parcours, une suite d’impulsions visuelles qui constitueront la matrice des peintures de Charles Neubach, dans un éclair, un aperçu, puis le moment de la peinture, une peinture qui ne sera pas la représentation de cette expérience, mais sa transcription, sa translitération sous forme de grilles et de superpositions de motifs tramés.

Il y a des grilles simples – deux trames, par exemples formant des losanges irréguliers –, des grilles plus complexes formées de lignes elles-mêmes en losange, des efets de moirage à l’aspect très ondé, des perturbations optiques perturbant la vision, des écrasements de plans, des inversions d’espace où ce qui est devant passe derrière et vice-versa – tout dépend de la manière dont on se focalise –, des complexités rythmiques dans la superposition des motifs ou, parfois, l’évidence d’une simple opposition… tout un arsenal qui évoquerait le vocabulaire ou la grammaire de François Morellet, de Yaacov Agam ou de Bridget Riley, dans un ascétisme des teintes volontaire, le plus souvent en noir, gris et blanc, plus rarement avec des couleurs ton sur ton, parfois et encore plus exceptionnellement dans des couleurs franches évoquant nos graftis contemporains, sauf que la perturbation optique, la déduction matérialiste et psychophysiologique et la distance expressive propres à la plupart des protagonistes de cette tendance esthétique est étrangère à la peinture de Neubach – même s’il ne néglige pas ces éléments et que l’utilisation de la bombe aérosol met à distance les efets expressionnistes possibles – et qu’il s’agit – voir plus haut – de saisir, dans ces grilles, motifs et irisations quelque chose d’analogue à l’expérience urbaine.

L’expérience urbaine pourrait être, par exemple celle de la vitesse et les peintures de Charles Neubach ont diférentes vitesses. Il y a des peintures lentes, voire statiques comme V#NILE#17 de 2012 ou des oeuvres très rapides, à la vitesse stupéfante comme V#CRD#3 de la même année. L’expérience urbaine pourrait être, par exemple, celle de l’architecture et si les peintures de Charles Neubach ne sont pas des représentations d’architectures précises, elles en évoquent les formes les plus élémentaires, celles de nos grands ensembles par la trame et la géométrie – que l’on songe aux damiers de fenêtres éclairées ou non. Enfn et surtout, l’expérience de la lumière, du plus éclatant à l’atone, du gris plombant au halo nocturne, chaque peinture possède une tonalité évocatrice des zones urbaines ou périurbaines.

Reste que si cette peinture retranscrit quelque chose d’analogue à cette expérience, il serait vain de vouloir absolument y chercher dans l’une d’elle la vue d’un immeuble H.L.M. vu d’un périphérique la nuit et que ces peintures demeurent abstraites, résolument abstraites par le jeu formel qu’elles proposent, génèrent ou qu’il génère. « 

Éric Suchère

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